La force des mouvements populaires : Une conversation #WellesleyVotes
L’impasse politique nationale retient tellement l’attention qu’il peut être facile d’oublier que le changement politique au niveau de la base est toujours possible. Hahrie Han, directrice inaugurale du SNF Agora Institute et directrice de la faculté du P3 Research Lab à l’Université Johns Hopkins, nous rappelle que le changement peut se produire dans les coulisses, loin des caméras de télévision, dans la rue, face à face.
Han se joindra à Laura Grattan, Jane Bishop ’51 Associate Professor of Political Science à Wellesley, lors d’un événement virtuel #WellesleyVotes le 18 novembre pour discuter de l’avenir de l’organisation de la base après l’élection de 2020. Après avoir obtenu son doctorat en sciences politiques, Han a enseigné à Wellesley et cofondé le projet de leadership et d’action publique du collège avant de partir en 2015 pour une opportunité à l’Université de Californie, Santa Barbara.
Han et Grattan décrivent tous deux l’organisation communautaire comme transformatrice. « En tant qu’enfant d’immigrés, vous apprenez que la transformation est non seulement possible, mais que c’est un mode de vie », a déclaré Han, dont les parents sont originaires de Corée. « C’est ce que font les immigrants : ils essaient de se reconstruire, de reconstruire leur famille, de reconstruire le monde qui les entoure. Et c’est ce qu’est l’organisation au fond. »
Grattan a déclaré que les possibilités de transformation du travail de base sont devenues tangibles pour elle lorsqu’elle était étudiante diplômée à Durham, en Caroline du Nord, travaillant avec des personnes d’origines et d’expériences diverses pour faire passer des politiques de salaire de subsistance. Se rassembler dans les sous-sols d’église, se réunir chez les gens, être en communauté et travailler vers un objectif commun « ressemblait à de la spiritualité », dit-elle.
« Souvent, le travail le plus important est le travail le plus invisible. Le travail régulier qui fait basculer une perte probable en une victoire possible n’est pas l’histoire qui est couverte. »
Hahrie Han
Au laboratoire P3, Han et ses collègues étudient l’engagement civique et politique, l’action collective et l’organisation. Ils l’appellent le laboratoire P3, dit-elle, « parce que nous voulons rendre la participation des gens ordinaires possible, probable et puissante. Il faut donc que les gens puissent participer, qu’ils aient envie de participer et que le travail soit réellement important ». Le laboratoire s’associe à des organisations de base pour s’attaquer à des questions telles que la façon de briser les barrières à la participation, en particulier pour les personnes historiquement marginalisées, la façon de tirer les gens de la marge et de les faire participer à la vie publique, puis la façon de canaliser cette participation vers le pouvoir politique.
L’un des exemples les plus visibles d’un effort de base réussi à l’issue de l’élection de 2020 est le travail de fond sur l’inscription des électeurs que Stacey Abrams et d’autres organisateurs ont fait en Géorgie, un État en train de devenir violet, surprenant les gens des deux extrémités du spectre politique. « Ils essaient d’organiser des communautés qui, historiquement, ont été laissées à l’écart du système politique », a déclaré Han. Et ils ne se contentent pas d’inscrire les gens sur les listes électorales, ils s’efforcent de les inciter à se rendre aux urnes. « Je pense que c’est là que les relations qu’ils ont établies dans les communautés, en particulier les communautés de couleur, ont commencé à porter leurs fruits », a déclaré Han. Les électeurs de Géorgie ont dépassé leur record de 2008 de 3,9 millions de votes en déposant plus de 4 millions de votes lors de l’élection de 2020.
Le récit médiatique autour de ces types de changements politiques à grande échelle a tendance à effacer l’organisation de la base. Les histoires sur la Géorgie, par exemple, se concentrent sur la célèbre Abrams, alors qu’elle essaie d’attirer l’attention sur tous les organisateurs qui font partie de l’effort. Mme Grattan a rappelé le travail des organisateurs communautaires de Durham qui se sont battus pour modifier le salaire de subsistance des employés contractuels. Ils ont rempli les réunions du conseil municipal, y compris celle où le conseil a voté l’augmentation du salaire de subsistance. Dans le journal du lendemain, il n’était pas question des efforts des organisateurs, mais seulement du fait que le conseil avait adopté la motion et de ce que les fonctionnaires du comté avaient à dire. « L’establishment du parti et les médias voient la politique et voient le monde, mais ne voient pas le pouvoir de la communauté », a déclaré Grattan. Han est d’accord. « Souvent, le travail le plus important est le travail le plus invisible », a-t-elle dit. « Le travail régulier qui fait basculer une perte probable en une victoire possible n’est pas l’histoire qui est couverte. »