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Reconnaître, traiter et surveiller le syndrome de réponse inflammatoire systémique et le sepsis

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Le SIRS est une condition clinique caractérisée par une activation généralisée du système inflammatoire

Courtney WaxmanBAS, CVT, RVT, VTS (ECC)

Courtney travaille dans le domaine des urgences et des spécialités vétérinaires depuis près de 15 ans. Elle s’intéresse particulièrement à la RCP, à la ventilation mécanique, à la gestion individuelle des cas, aux soins infirmiers en soins intensifs, à la pensée critique et à la formation des techniciens et des infirmières. Elle travaille actuellement comme instructrice pour le programme d’enseignement à distance des soins infirmiers vétérinaires de l’Université Purdue et dans l’unité de soins intensifs de l’hôpital universitaire vétérinaire. Elle donne des conférences au niveau national et international sur des sujets liés aux soins d’urgence et aux soins intensifs et a été publiée dans plusieurs revues de techniciens/infirmiers vétérinaires. En 2019, Courtney a reçu le prix du nouvel éducateur de l’année décerné par l’Association des éducateurs de techniciens vétérinaires.

Reconnaître, traiter et surveiller le syndrome de réponse inflammatoire systémique et le sepsis

Le SRIS et le sepsis affectent les patients gravement malades. Ces syndromes nécessitent une reconnaissance précoce, un traitement d’urgence rapide et des soins infirmiers diligents. Alvaro Pantoja/.com

Le syndrome de réponse inflammatoire systémique (SIRS) et la septicémie sont des syndromes cliniques complexes qui sont souvent liés et peuvent être mortels. Le sepsis est fréquent dans les contextes d’urgence et de soins intensifs humains et vétérinaires et présente des taux de mortalité élevés (40 à 70 %).1,2 Les patients affectés par le SIRS et le sepsis risquent de développer un syndrome de dysfonctionnement d’organes multiples et/ou un choc septique (encadré 1).

PATHOPHYSIOLOGIE

La réponse normale de l’organisme à l’inflammation pathologique équilibre l’activation des médiateurs pro-inflammatoires (ex, facteur d’activation des plaquettes, facteur de nécrose tumorale, cytokine interleukine -6) avec l’activation de médiateurs anti-inflammatoires (par ex, IL-10, IL-13, facteur de croissance transformant β).2 La réponse proinflammatoire fait partie de la fonction immunitaire normale et vise à protéger l’hôte de la maladie en éradiquant les tissus endommagés.5

Durant le SIRS, les médiateurs proinflammatoires et anti-inflammatoires deviennent déséquilibrés et l’activation excessive de l’inflammation entraîne des dommages aux tissus normaux.2,5 L’homéostasie est perturbée, avec des conséquences qui incluent celles énumérées dans le tableau 1. Si le SIRS est le plus souvent associé au sepsis, d’autres états pathologiques peuvent provoquer une réponse inflammatoire systémique (figure 1 et encadré 1).2

BOX 1 Causes initiales du SIRS1,2,6
  • Maladie abdominale (par ex, traumatisme pénétrant, abcès pancréatique, abcès hépatique, péritonite)
  • Maladie gastro-intestinale (par exemple, ulcération/perforation due à l’utilisation prolongée d’AINS, corps étranger, rupture de la vésicule biliaire, parvovirus)
  • Déhiscence du site chirurgical
  • Maladie cardiaque (par exemple, endocardite)
  • Maladie pulmonaire/de l’espace pleural (par exemple, pneumonie, abcès pulmonaire, pyothorax)
  • Maladie rénale (par exemple, pyélonéphrite, cystite, abcès rénal, uroabdomen)
  • Maladie de la reproduction (par exemple, pyomètre, mastite, prostatite)
  • Les blessures des tissus mous (par exemple, plaies traumatiques, brûlures, ostéomyélite, épanchements articulaires infectieux)

Dans le sepsis, l’inflammation systémique est en réponse à une infection bactérienne, fongique, protozoaire, parasitaire ou virale documentée (figure 1).5 L’agent infectieux est reconnu par des motifs moléculaires associés aux agents pathogènes et des motifs moléculaires associés aux microbes, qui stimulent la réponse immunitaire, entraînant une libération massive de cytokines et l’activation des macrophages, propageant ainsi la cascade inflammatoire.1,2 Cette réponse inflammatoire excessive résulte d’une activation disproportionnée des médiateurs pro-inflammatoires et/ou de l’absence de contreparties régulatrices. Les neutrophiles répondent à la libération de cytokines en produisant des séries d’oxygène réactif et du protoxyde d’azote, endommageant les tissus en modifiant la résistance vasculaire systémique.1,2 Le tonus vasomoteur est perdu en raison de la surproduction de protoxyde d’azote, ce qui entraîne une vasodilatation systémique et conduit à un état de choc distributif.1

Dans le SIRS et le sepsis, des lésions endothéliales se produisent à partir de dérèglements microcirculatoires qui augmentent la perméabilité vasculaire. La réponse inflammatoire est dérégulée par la libération de cytokines, qui régulent à la hausse les niveaux de facteur tissulaire pour initier la cascade de coagulation. La cascade de coagulation normale implique l’activation du clou plaquettaire et des voies anticoagulantes pour maintenir l’hémostase ; ces processus sont inhibés en raison de la régulation négative (diminution des niveaux) de l’antithrombine.1,2 Cela conduit à l’équilibre hémostatique favorisant un état procoagulant.

CAUSES ET SIGNES CLINIQUES

Chez les patients vétérinaires, la cause la plus fréquente de SIRS/sepsie est la péritonite infectieuse bactérienne secondaire à une fuite du contenu gastro-intestinal (GI) dans la cavité abdominale.1

Dans le SIRS et la septicémie, la perturbation de l’homéostasie entraîne un dysfonctionnement des organes. Les patients présentant un SIRS et/ou une septicémie ont souvent des antécédents médicaux non spécifiques. Les signes cliniques comprennent la léthargie, la faiblesse, l’hyporexie ou l’anorexie, l’inconfort abdominal ou une posture anormale (par ex, position de prière), des vomissements, de la diarrhée, une augmentation de la fréquence et/ou de l’effort respiratoire, de la fièvre, un érythème, un gonflement des extrémités et/ou des articulations (boiterie possible), des plaies d’aspect et/ou d’odeur infectés, des modifications du rythme cardiaque, une modification de la respiration, une couleur injectée des muqueuses, un temps de remplissage capillaire rapide et une altération du niveau de conscience (modification de la mentalité).1,2

CRITÈRES DIAGNOSTIQUES

Des études en médecine humaine et vétérinaire sont en cours pour identifier des biomarqueurs fiables et spécifiques de l’inflammation et de l’infection afin d’évaluer la réponse inflammatoire2.

Quatre critères ont été proposés pour le diagnostic du SIRS chez les patients canins et félins (tableau 2).1,2 Les chats et les chiens présentant 2 de ces 4 critères diagnostiques sont considérés comme ayant un SIRS.1,2 Ces critères sont statistiquement sensibles et spécifiques pour le diagnostic du SIRS, mais pas du sepsis. Le diagnostic de septicémie doit se concentrer sur les critères diagnostiques associés à la péritonite septique (tableau 3).

TESTS DIAGNOSTIQUES

Ultrasonographie et prélèvement de liquide abdominal

Le diagnostic doit commencer par une échographie de point-.de soins (POCUS) pour évaluer la présence de liquide libre dans la cavité péritonéale (figure 2). L’imagerie POCUS peut être réalisée en cage, est peu invasive et fournit des résultats diagnostiques rapides. Si du liquide libre est identifié dans le péritoine, un échantillon doit être prélevé par abdominocentèse selon la technique des 4 quadrants. Cette technique consiste à immobiliser le patient en décubitus latéral gauche, à couper et à préparer aseptiquement le site (circonférence de 15 cm à partir de l’ombilic) et, en portant des gants stériles, à insérer quatre aiguilles de calibre 20 à 18 autour de l’ombilic aux endroits indiqués dans la figure 3.1 Une seringue est utilisée pour recueillir le liquide des aiguilles et l’instiller dans un tube à sommet rouge et un tube à sommet lavande (EDTA ; BD Vacutainer, bd.com) pour une évaluation microscopique. La cytologie interne peut identifier la présence de bactéries intracellulaires, ce qui confirme une péritonite septique (figure 4).1,2,6 Si une quantité suffisante de liquide abdominal est recueillie, un échantillon doit être soumis à un service de laboratoire externe pour une culture et un test de sensibilité.

Mesure du lactate et du glucose

Concentration de lactate sanguin

La concentration de lactate sanguin est à elle seule un biomarqueur bien connu de la perfusion tissulaire et un indicateur pronostique.1,2 Une élévation du lactate >2,5 mmol/L reflète un grave déficit en oxygène cellulaire.1,6 Des mesures sérielles du lactate peuvent aider à évaluer l’état de perfusion des tissus et de l’oxygène.

Les taux de lactate et de glucose du liquide abdominal

La péritonite septique peut être diagnostiquée en comparant les taux de lactate et de glucose abdominaux aux taux de lactate et de glucose périphériques (tableau 3).1,2,6

Une différence de >2,0 mmol/L entre le lactate du sang périphérique et le lactate du liquide abdominal (le lactate du sang périphérique étant plus bas) confirme la péritonite septique1,2,6. Cette différence se produit parce que le lactate est un sous-produit du métabolisme anaérobie et que la cavité abdominale est un environnement anaérobie ; les taux de lactate seront donc plus élevés dans le liquide abdominal que dans le sang périphérique.1,3,6

Une différence de >20 mg/dL entre le glucose du sang périphérique et le glucose du liquide abdominal (le glucose du sang périphérique étant plus élevé) confirme également une péritonite septique. Cette différence s’explique par le fait que le glucose est la principale source d’énergie d’un organisme ; lorsqu’il y a des bactéries dans le liquide abdominal libre, elles vont consommer le glucose disponible pour avoir de l’énergie pour proliférer, ce qui fait que le taux de glucose est plus bas dans le liquide abdominal que dans le sang périphérique1,3,6.

Autres tests diagnostiques

Les autres tests diagnostiques qui devraient être inclus dans le bilan d’un patient souffrant de SIRS/sepsie sont la numération formule sanguine complète (NFS), le panel de biochimie sérique, les temps de coagulation et l’hémoculture. La NFS révèle un nombre élevé de globules blancs en présence d’une infection et/ou d’une inflammation, ainsi qu’une thrombocytopénie, indiquant une perturbation de la cascade de coagulation (hémostase primaire). Un bilan biochimique montrera la gravité de l’atteinte des systèmes rénal et hépatique et de l’hypoglycémie. Les temps de coagulation seront prolongés s’il y a une perturbation de la cascade de coagulation (hémostase secondaire).

L’hémoculture permet l’identification spécifique de l’agent pathogène infectieux et garantit que le traitement antimicrobien est adapté au patient.4,8 Alors que la médecine humaine considère l’hémoculture comme faisant partie de la norme de soins en cas de septicémie ou de suspicion de septicémie, le prélèvement d’échantillons sanguins pour l’hémoculture est moins couramment pratiqué en médecine vétérinaire. Cependant, des études montrent qu’environ 50 % des patients gravement malades ont un résultat d’hémoculture positif.2

Les échantillons de sang pour l’hémoculture doivent être prélevés avant de commencer un traitement antimicrobien ; cependant, leur prélèvement ne doit pas retarder ou interdire l’administration d’antibiotiques. Si les échantillons sanguins ne peuvent pas être prélevés dans l’heure qui suit le diagnostic de septicémie, il faut y renoncer.

Traitement

Les patients atteints de SIRS ou de septicémie nécessitent une stabilisation et un traitement immédiats. Il est recommandé que le traitement soit centré sur la réanimation liquidienne, la thérapie antimicrobienne, le contrôle des sources infectieuses et les soins de soutien globaux (ex, contrôle de la douleur, nutrition).4 Cet  » ensemble de soins  » est basé sur les directives les plus récentes de la campagne Surviving Sepsis (encadré 3).

Surviving Sepsis

La Surviving Sepsis Campaign (SSC) est une initiative mondiale qui a été lancée en 2004 afin de former des lignes directrices consensuelles pour les meilleures pratiques visant à réduire la morbidité et la mortalité du sepsis et des syndromes cliniques liés au sepsis.syndromes cliniques liés au sepsis. Les lignes directrices sont mises à jour et publiées tous les 4 ans. Les lignes directrices les plus récentes ont été publiées en 2016.

La médecine factuelle fournie par la SSC soutient la mise en œuvre d’un concept d’ensemble de soins de traitement.4 Un  » ensemble de soins  » fait référence à un groupe de thérapies qui, lorsqu’elles sont initiées ensemble, produisent de meilleurs résultats que si elles sont initiées seules2. L’établissement d’un ensemble de soins s’est avéré, dans le cadre d’études sur l’homme, améliorer les résultats pour les patients (diminution de la morbidité et de la mortalité) et aide à prioriser et à normaliser les protocoles de traitement du sepsis.Par exemple, les modalités de traitement discutées dans cet article seraient idéalement mises en œuvre dans les 6 heures suivant le diagnostic de SIRS/sepsis4.

Réanimation liquidienne

Une réanimation liquidienne agressive est nécessaire pour rétablir l’état circulatoire (par exemple, fournir un soutien cardiovasculaire, maintenir un apport d’oxygène et une perfusion tissulaire adéquats) et maintenir la stabilité hémodynamique1,2. Les patients septiques présentent généralement une combinaison de vasodilatation, d’hypovolémie, de déshydratation, de dysfonctionnement myocardique et d’hypotension.1 Ainsi, les options de réanimation liquidienne comprennent les cristalloïdes isotoniques, les cristalloïdes hypertoniques, les colloïdes synthétiques et le traitement vasopresseur. Il est recommandé d’initier la réanimation liquidienne dans les 3 heures suivant le diagnostic de sepsis suspecté ou confirmé, et de guider la réanimation liquidienne pour cibler une pression artérielle moyenne (PAM) de >65 mm Hg et normaliser les taux de lactate sanguin4.

Cristalloïdes

Les cristalloïdes isotoniques intraveineux (IV) sont le pilier de la réanimation liquidienne, car leur composition est la plus similaire à celle du liquide extracellulaire. Le volume de choc des solutions cristalloïdes est égal au volume sanguin de l’animal ; il varie légèrement selon la source de référence et l’espèce. Chez le chien, la dose de choc des cristalloïdes IV est de 60 à 90 ml/kg. Chez le chat, elle est de 45 à 60 mL/kg.1,2

Lorsque l’on administre des doses de choc de cristalloïdes, il est généralement recommandé de commencer par des aliquotes, comme un quart ou un tiers de la dose de choc complète, puis de réévaluer le patient. Idéalement, les doses de choc de cristalloïdes IV doivent être administrées rapidement, sur une période de 10 à 15 minutes ; il est souvent nécessaire de mettre en œuvre un sac à pression plutôt que la pompe à fluide typique.

Les cristalloïdes hypertoniques ont une osmolalité plus élevée que le liquide extracellulaire normal.9 L’utilisation de solutions hypertoniques permet une réanimation rapide et de petit volume pour les patients septiques, car leur effet cardiovasculaire est transitoire (typiquement 30 minutes), ce qui peut laisser suffisamment de temps pour que d’autres thérapies (par exemple, le cristalloïde isotonique) prennent pleinement effet.2,9 La solution cristalloïde hypertonique la plus couramment utilisée est le NaCl 7 % à 7,5 %. Le sérum salé hypertonique est dosé à 3 à 5 ml/kg et administré par voie IV en 10 à 15 minutes.2,6

Colloïdes

Les solutions colloïdes synthétiques contiennent de grosses molécules en suspension dans des solutions cristalloïdes. Ces grosses molécules ne traversent pas la barrière des vaisseaux sanguins aussi facilement que les petites, ce qui permet de mieux maintenir le volume intravasculaire.9 Les colloïdes synthétiques les plus couramment disponibles sont des dérivés d’hydroxyéthylamidons. L’utilisation de solutions colloïdales a récemment été remise en question, car des études en médecine humaine ont montré une corrélation entre l’utilisation d’hydroxyéthylamidon et le développement de lésions rénales aiguës et de coagulopathie2. Alors que la Surviving Sepsis Campaign recommande actuellement l’utilisation de colloïdes chez les patients humains, l’effet chez les patients vétérinaires est actuellement inconnu.

Traitement vasopresseur

Si les paramètres de réanimation liquidienne cibles ne peuvent pas être atteints avec les cristalloïdes seuls, un traitement vasopresseur est recommandé, avec la norépinéphrine comme premier choix2,4. La norépinéphrine est un agoniste des récepteurs α, ce qui en fait un puissant constricteur des artères et des veines.2,10 La norépinéphrine redirige le flux sanguin de la circulation périphérique vers la circulation centrale, ce qui entraîne une augmentation de la PAM.1,6

La norépinéphrine est administrée par voie IV en perfusion à débit constant (IRC) et nécessite une surveillance plus agressive des paramètres de perfusion du patient (par exemple, fréquence cardiaque, pression artérielle). La dose de norépinéphrine varie de 0,1 à 2 μg/kg/min.2 La dose de norépinéphrine est généralement amorcée à l’extrémité inférieure de la fourchette et augmentée lentement en fonction de la réponse du patient. Les agents vasopresseurs alternatifs comprennent la dopamine, la dobutamine et la vasopressine.

Antibiothérapie

L’administration d’une antibiothérapie IV doit être initiée dès que possible (dans l’heure) après la suspicion ou la confirmation d’un sepsis4. De multiples études humaines ont montré une corrélation entre la rapidité de l’administration des antibiotiques et le taux de mortalité ; chaque heure de retard dans l’administration des antibiotiques est associée à une augmentation mesurable de la mortalité des patients.4 L’antibiothérapie doit être initiée avec un protocole bactéricide à large spectre, puis réduite en fonction de l’identification du pathogène.2,4 Les posologies suggérées des antibiotiques à large spectre sont résumées dans l’encadré 4.

BOX 4 Thérapie antimicrobienne2,4
  • Ampicilline : 22-40 mg/kg IV q6-8h
  • Ampicilline-sulbactam : 22-30 mg/kg IV q6-8h
  • Enrofloxacine : 10-20 mg/kg IV q24h
  • Céfazoline : 15-35 mg/kg IV q8h
  • Métronidazole : 15 mg/kg IV q12h

Contrôle de la source infectieuse

Diagnostiquer la source de l’infection est essentiel pour le résultat du patient car la stabilisation nécessite un contrôle de la source. L’identification de la source de l’infection implique une intervention médicale ou chirurgicale. La source doit être éliminée dès que cela est pratiquement possible.

Si une intervention chirurgicale est nécessaire pour traiter la source de l’infection (par exemple, la réparation d’une perforation gastrique, la pose d’un tube thoracique, le débridement de la plaie), des considérations anesthésiques spécifiques sont nécessaires. Les patients souffrant de septicémie ou de choc septique sont considérés comme des candidats à l’anesthésie à haut risque et doivent être stabilisés autant que possible avant la chirurgie. L’utilisation préventive d’antiémétiques diminue le risque de régurgitation et de pneumonie d’aspiration ultérieure. Les agents préanesthésiques considérés comme relativement sûrs comprennent les opioïdes (par exemple, le fentanyl) et les benzodiazépines (par exemple, le diazépam, le midazolam).1

La kétamine et l’alfaxalone sont préférées comme agents d’induction en raison de leurs effets d’épargne cardiopulmonaire ; le propofol et l’étomidate doivent être évités1. Le sévoflurane est préféré à l’isoflurane sur la base de ses effets plus souhaitables sur les systèmes pulmonaire et immunitaire.1 Selon la gravité de la septicémie, le patient peut avoir besoin d’une ventilation anesthésique en plus d’une surveillance anesthésique diligente.1

Gestion de la douleur

La douleur non identifiée et non traitée entraîne une morbidité et une mortalité plus importantes ; par conséquent, l’évaluation de la douleur du patient est importante, et des analgésiques doivent être envisagés chez tout patient ressentant une douleur2,3,8. De plus, la douleur non traitée masque les signes cliniques, contrairement à la croyance commune selon laquelle les analgésiques masquent les signes cliniques.1,6

La septicémie/le SRIS peuvent être des processus pathologiques douloureux, et l’évaluation et le contrôle de la douleur doivent donc faire partie du traitement et des soins infirmiers. L’utilisation d’un système de notation de la douleur standardisé et objectif peut aider à documenter l’évaluation de la douleur et à minimiser les différences subjectives entre les membres du personnel. Diverses échelles existent, et différents cabinets peuvent en trouver qui conviennent à leur personnel et à leurs patients. Selon l’expérience de l’auteur, les échelles de douleur aiguë canine et felineb de l’Université d’État du Colorado sont des outils efficaces.

a csu-cvmbs.colostate.edu/documents/anesthesia-pain-management-pain-score-canine.pdf
b csu-cvmbs.colostate.edu/documents/anesthesia-pain-management-pain-score-feline.pdf

Les opioïdes constituent la classe d’analgésiques la plus efficace et sont souvent les médicaments de première ligne utilisés pour soulager la douleur. Les opioïdes limitent la perception de la douleur en affectant différents récepteurs dans le cerveau, la moelle épinière et les nerfs périphériques.1,6

Nutrition

La nutrition est souvent négligée dans le cadre des soins aux patients septiques. Cependant, le soutien nutritionnel est nécessaire pour la récupération de tous les processus pathologiques et devrait être institué pour chaque patient. La nutrition entérale est privilégiée car c’est la méthode d’alimentation la plus appropriée d’un point de vue physiologique, et une initiation précoce permet de maintenir la muqueuse GI, de prévenir la translocation bactérienne de l’intestin, de maintenir le contrôle glycémique et d’augmenter la cicatrisation des plaies et la réponse immunitaire.1,4,6

Pour les patients septiques, la nutrition entérale est plus facilement fournie par des sondes d’alimentation (par exemple, nasoesophagienne, nasogastrique, oesophagostomie). Le soutien pharmacologique pour protéger le système GI et soulager l’inconfort GI chez les patients atteints de péritonite septique comprend l’utilisation d’antiémétiques (par exemple, maropitant, ondansétron), de gastroprotecteurs (par exemple, famotidine, pantoprazole) et de prokinétiques (par exemple, métoclopramide).

Soins infirmiers

L’importance du rôle de l’infirmière vétérinaire dans les soins de ces patients gravement malades ne peut être surestimée. Les patients atteints de SIRS/sepsie nécessitent des soins infirmiers intensifs et dédiés, ainsi qu’une surveillance étroite pendant les périodes de reconnaissance, de stabilisation et d’hospitalisation. La règle des 20 de Kirby (encadré 5), une liste de contrôle de 20 paramètres vitaux qui doivent être évalués quotidiennement chez les patients gravement malades, aide à assurer la surveillance des paramètres essentiels. Les patients septiques nécessitent l’administration de plusieurs types de fluides et de médicaments, et il faut connaître la pharmacologie, les interactions entre les médicaments et les fluides, ainsi que les calculs mathématiques médicaux.

BOX 5 Règle de Kirby de 202,3,8
  • Equilibre des fluides
  • Albumine/traction oncotique
  • Mentation/niveau de conscience
  • Fréquence cardiaque/contractilité/rythme
  • Pression sanguine/perfusion.
  • Oxygénation et ventilation
  • Température corporelle
  • Electrolytes et acide-base
  • Glucose
  • Fonction rénale
  • Motilité et intégrité gastro-intestinales.
  • Nutrition
  • État immunitaire (antibiotiques)
  • Dosage et métabolisme des médicaments
  • Contrôle de la douleur
  • Soins des plaies et bandages
  • Soins infirmiers
  • Soins affectueux.
  • Coagulation
  • Globules rouges et hémoglobine

Manipulation des patients

Une attention particulière est primordiale lors de la manipulation des patients présentant une septicémie suspectée ou confirmée. Une manipulation appropriée comprend le port de gants d’examen lors de chaque interaction avec le patient, le changement fréquent de gants et le lavage fréquent des mains.8 Des gants d’examen doivent également être portés lors de toute manipulation de  » tubes  » (cathéter IV périphérique, cathéter IV central, cathéter artériel, sonde d’alimentation, cathéter urinaire, tube thoracique, drain Jackson-Pratt). Lorsque des médicaments sont administrés ou que des patients sont déconnectés ou reconnectés à des lignes de fluides, les ports doivent être désinfectés avec un tampon d’alcool isopropylique à 70%.

Surveillance du patient

La surveillance du patient comprend l’évaluation des signes vitaux toutes les 2 à 10 minutes pendant la stabilisation initiale et toutes les 1 à 4 heures pendant l’hospitalisation. Il est courant que les patients atteints de SIRS/sepsis nécessitent une surveillance électrocardiographique continue et une mesure fréquente de la pression artérielle. Pour les patients dont le système respiratoire est compromis, l’oxygénothérapie et la surveillance de paramètres respiratoires supplémentaires (par exemple, l’effort respiratoire, la SpO2, les gaz du sang artériel) peuvent être indiquées. Une ligne sur la feuille de traitement pour l’enregistrement du score de l’échelle de coma de Glasgow modifiée (glasgowcomascale.org)peut être utilisée pour évaluer l’état neurologique.

Les cathéters urinaires nécessitent des soins toutes les 6 à 8 heures pour prévenir une infection secondaire. Les tubes d’alimentation nécessitent un entretien quotidien pour assurer la perméabilité. Chez les patients présentant une coagulation intravasculaire disséminée, un traitement par composant sanguin avec du plasma frais congelé peut être indiqué et nécessite une transfusion avec une surveillance fréquente. Les patients postopératoires peuvent avoir des drains de plaie qui doivent être quantifiés et entretenus.

La cotation de la douleur doit être incluse dans la feuille de soins pour s’assurer que la douleur est régulièrement évaluée et que le plan de gestion de la douleur est ajusté en conséquence.

Confort du patient

En dernier lieu, les infirmières vétérinaires doivent veiller au confort du patient. Fournir une literie douce/plastique pour le chenil, une thérapie physique pour les patients couchés, des promenades de soutien pour les patients faibles, et un éclairage approprié pour permettre le repos ; regrouper les ordonnances de traitement (une fois stabilisées) ; faciliter les visites du propriétaire ; et fournir des soins affectueux sont importants pour soigner ces patients.

CONCLUSION

Les patients atteints de SRIS et de septicémie représentent certains des patients vétérinaires les plus gravement malades. Être capable de comprendre la physiopathologie du syndrome clinique, de reconnaître les signes cliniques, d’effectuer des tests diagnostiques et de mettre en œuvre des thérapies de traitement d’urgence est crucial pour identifier le SIRS/sepsis et prendre soin de ces patients. Suivre la médecine fondée sur les preuves et mettre en œuvre des ensembles de soins aux patients peut réduire considérablement la morbidité et la mortalité des patients, et fournir des soins infirmiers de soutien et diligents est essentiel pour favoriser une issue positive.

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2. Silverstein DC. Médecine des soins intensifs pour petits animaux. St. Louis, MO : Elsevier, Saunders ; 2015.

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5. Provost D. Excusez-moi SIRS, est-ce une septicémie ? Proc Symp Vet Emerg Crit Care Soc 2016.

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7. Cornell University College of Veterinary Medicine Animal Health Diagnostic Center. Technique d’hémoculture. vet.cornell.edu/animal-health-diagnostic-center/testing/protocols/blood-culture-technique. Consulté en janvier 2020.

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9. DiBartola SR. Troubles liquidiens, électrolytes et acido-basiques. Louis, MO : Elsevier, Saunders ; 2012.

10. Plumb DC. Manuel de médicaments vétérinaires de Plumb. Stockholm, WI : PharmaVet Inc ; 2018.

Reconnaître, traiter et surveiller le syndrome de réponse inflammatoire systémique et le quiz CE sur la septicémie

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Synthèse du sujet

Le syndrome de réponse inflammatoire systémique et la septicémie sont des urgences interdépendantes et potentiellement mortelles qui affectent les patients gravement malades. Chaque maladie est un syndrome clinique qui nécessite une reconnaissance précoce, un traitement d’urgence rapide et des soins infirmiers et une surveillance diligente pour donner au patient les meilleures chances d’une issue positive.

Objectifs d’apprentissage

Après avoir lu cet article, les participants doivent être en mesure de définir le syndrome de réponse inflammatoire systémique (SIRS) et la septicémie ; de comprendre leur physiopathologie ; de reconnaître les signes cliniques, les causes et les critères de diagnostic ; et d’apprendre quelles interventions thérapeutiques et quels soins infirmiers doivent être fournis à un patient atteint de SIRS/septique.

1. La cause du SIRS peut être infectieuse ou non infectieuse.

Vrai

Faux

2. Lequel des éléments suivants n’est pas un changement homéostatique majeur du sepsis ?

a. Dérèglement du système de coagulation

b. Dérèglement du système inflammatoire

c. Lésion des cellules endothéliales

d. Augmentation du tonus vasomoteur

3. Lequel des éléments suivants n’est pas un signe clinique courant du SIRS/sepsie ?

a. Vomissements/diarrhée

b. Léthargie

c. Hyporexie

d. Hypothermie

4. Quelle est la cause la plus fréquente de septicémie chez les patients vétérinaires ?

a. Pancréatite

b. Pyomètre

c. Péritonite

d. Pyélonéphrite

5. Lequel des éléments suivants n’est pas un critère de diagnostic du SIRS ?

a. Tachycardie

b. Hypoventilation

c. Taux élevé de globules blancs

d. Fièvre

6. Quels sont les 2 tests diagnostiques les plus importants pour la péritonite septique ?

a. Mesure du lactate et de la pression artérielle

b. Mesure du lactate et du glucose

c. Mesure du glucose et de l’ECG

d. Mesure de la pression artérielle et évaluation POCUS

7. Lequel des éléments suivants est l’agent vasopresseur de premier choix ?

a. Dobutamine

b. Dopamine

c. La norépinéphrine

d. Vasopressine

8. Selon les lignes directrices de la campagne Surviving Sepsis, une thérapie antimicrobienne doit être administrée dans les _______ du diagnostic de sepsis.

a. 1 heure

b. 2 heures

c. 4 heures

d. 6 heures

9. Lequel des énoncés suivants est faux concernant les ensembles de soins de traitement ?

a. Il a été démontré que l’utilisation des ensembles de soins de traitement améliore les résultats des patients.

b.  » L’ensemble de soins de traitement  » désigne un groupe de thérapies qui, lorsqu’elles sont initiées ensemble, produisent de meilleurs résultats que lorsqu’elles sont utilisées seules.

c. Les regroupements de soins de traitement regroupent les coûts de traitement.

d. L’utilisation d’ensembles de soins de traitement permet de prioriser et de normaliser les protocoles de traitement.

10. Quel est le taux de mortalité en cas de SIRS/sepsie ?

a. 20 % à 50 %

b. 40 % à 70 %

c. 60 % à 90 %

d. 80 % à 90 %

.

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