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Erasement de l’histoire : Photos iconiques de huit types d’iconoclasme

Le fondateur italien du Futurisme déclarait dans un manifeste, il y a environ un siècle, les objectifs de son mouvement ultra-moderniste. L’un d’eux était :

Nous souhaitons détruire les musées, les bibliothèques, les académies de toute sorte.1F. T. Marinetti : Écrits critiques, trad. Doug Thompson, éd. Günter Berghaus (New York : Farrar, Straus et Giroux, 2006), 14.

Son intention destructrice n’était ni métaphorique, ni unique. L’iconoclasme a toujours existé. Il a existé dès que les humains ont été capables de créer des objets pour tenir lieu de symboles, d’objets de sens partagé. On peut retrouver la pulsion iconoclaste dans les nez cassés des statues des pharaons égyptiens ou dans le patrimoine assyrien oblitéré dans les zones de guerre modernes d’Irak et de Syrie. Vous trouverez ci-dessous une liste des différents types d’iconoclasme dont celui des Futuristes (Se référer au numéro 7 de la liste).

Notez qu’aucune liste ne saurait être scientifique ou tranchée. Par exemple, la destruction du patrimoine des minorités (numéro 4 ci-dessous) se produit souvent dans le cadre d’une destruction plus large en temps de guerre (numéro 2). Notez également que j’ai éliminé de la liste les destructions accidentelles (le musée national du Brésil consumé par un incendie), les attaques pathologiques (le Hongrois fou assénant des coups de marteau à la Pieta de Michel-Ange) et le vandalisme de la foule pendant les périodes chaotiques (le pillage du musée national irakien après l’invasion américaine).

1. L’iconoclasme à motivation religieuse :

C’est ce type d’iconoclasme qui nous a donné le terme même, qui signifie « fracasser des icônes. » Il remonte aux iconoclastes byzantins qui se sont violemment opposés à la vénération des icônes chrétiennes au 8e siècle avec le soutien de l’empereur byzantin Léon III. Ces iconoclastes considèrent l’existence même de certains objets comme une offense à leur dieu ou une agression contre leurs croyances « sacrées ».

2. l’iconoclasme en temps de guerre :

Les progrès technologiques du XXe siècle permettent d’oblitérer des quartiers historiques entiers en quelques minutes. Les forces agressives prétendent que, sous le brouillard de la guerre, la destruction des biens culturels est inévitable. Les deux guerres mondiales ont infligé des dommages incalculables au patrimoine culturel de la plupart des nations impliquées. Le bombardement de la cathédrale de Reims, par exemple, pendant la Première Guerre mondiale, a provoqué la fureur internationale, les Français accusant les Allemands de l’avoir délibérément visée.

3. l’iconoclasme comme  » vengeance émeutière  » :

La cible est souvent un ancien régime tyrannique. Un exemple bien connu est la destruction des monuments communistes en Europe de l’Est en 1989 et après. De même, pendant la ferveur de la Révolution française, des symboles l’ancien régime ont été démolis, notamment des statues équestres et des tombeaux royaux.

4. l’iconoclasme comme forme de persécution (génocide culturel):

C’est le type d’iconoclasme où les biens culturels d’un groupe ethnique ou religieux sont « systématiquement » détruits. Le gouvernement chinois, par exemple, a ciblé le patrimoine des Tibétains. Un autre exemple est la destruction par les nazis de synagogues vieilles de plusieurs siècles ainsi que d’autres biens juifs en Allemagne, en France, en Lettonie et en Lituanie.

5. L’iconoclasme comme  » expression artistique  » :

Il prend racine dans les mouvements artistiques du début du XXe siècle comme Dada, bien qu’ils n’aient jamais réellement détruit d’œuvres d’art. Les artistes Dada ont fait preuve de « vandalisme simulé », par exemple la célèbre reproduction de la Joconde par Marcel Duchamp avec une moustache et une petite barbe. Cependant, il existe des cas où de véritables œuvres d’art ont été détruites. Le plus récent est la peinture autodestructrice de Banksy.

6. L’iconoclasme comme  » acte de protestation  » :

Les suffragettes ont été les premières au siècle dernier à utiliser l’iconoclasme à des fins politiques, c’est-à-dire pour protester contre une injustice perçue. Mais on pourrait encore trouver quelques incidents similaires au XIXe siècle : la démolition de la colonne Vendôme comme acte de défi ouvert au gouvernement français par les communistes et anarchistes révolutionnaires, connus sous le nom de Communards, qui ont gouverné Paris pendant quelques mois en 1871. Le fait que les vandales s’attaquent à des objets plutôt qu’à des êtres humains ne signifie pas qu’ils sont moins controversés. En fait, le terme « terrorisme culturel » a été utilisé pour qualifier ces attaques et gagne lentement du terrain dans les médias.

7. L’iconoclasme en tant que « campagne de modernisation » parrainée par l’État :

Ce type d’iconoclasme est unique puisqu’il s’agit du cas où une société démolit son propre patrimoine. L’initiative s’inscrit toujours dans la vision de modernisation d’un gouvernement, c’est-à-dire « par le haut ». Elle est menée par un dirigeant autoritaire et se déroule en temps de paix. La justification est l’élimination des vieilles idées ou des superstitions. Les futuristes italiens, dirigés par Filippo Marinetti, prônaient de telles initiatives. Les communistes russes et chinois ont effectivement démoli une grande partie de leur propre patrimoine. (Lire l’analyse complète ici.)

8. Iconoclasme pour le développement économique:

L’iconoclasme pour l’industrialisation ou le développement économique est parfois associé au type précédent, des campagnes parrainées par l’État pour « nettoyer » le vieux patrimoine. Mais dans d’autres cas, il y avait un réel besoin de détruire certains trésors nationaux en dernier recours pour améliorer la vie des vivants, comme dans le cas de l’Égypte ci-dessous.

Est-il jamais justifié pour un peuple de détruire son propre patrimoine culturel ?

Non, dans la plupart des cas. Une fois que le patrimoine culturel est détruit, il est perdu à jamais. Poursuivez votre lecture…

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Endnotes

F. T. Marinetti : Écrits critiques, trad. Doug Thompson, éd. Günter Berghaus (New York : Farrar, Straus et Giroux, 2006), 14.

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