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Pline le Jeune

Pliny le Jeune (61-112 CE) était le neveu de Pline l’Ancien (23-79 CE), l’auteur de l’Histoire naturelle en 37 volumes. Il a mené une carrière politique remarquable, a acquis la réputation d’être un excellent avocat et orateur, mais il est surtout célèbre pour ses écrits. Bien qu’une seule de ses oraisons, le Panegyricus Traiani, ait survécu, ses lettres, les Epistulae, couvrent un large éventail de sujets et donnent un aperçu de la vie quotidienne et des préoccupations de l’élite contemporaine. Parmi les plus remarquables, citons son récit de l’éruption du Vésuve et sa correspondance avec l’empereur Trajan (r. 98-117 de notre ère) concernant les chrétiens.

Vie primitive

Pliny le Jeune a fourni son souvenir de l’éruption du Vésuve pour l’inclure dans les Histoires de Tacite.

Pliny le Jeune ou Publius Caelius Secundus est né vers 61 de notre ère dans une famille de riches propriétaires terriens de la classe supérieure dans la ville de Cornum, en Italie du Nord. Après la mort de son père, un magistrat local, il est adopté par son oncle maternel Gaius Plinius Caelius Secundus, Pline l’Ancien, à condition que le jeune homme adopte le nom de son oncle. Jusqu’à l’âge de 14 ans, il a un tuteur qui veille à ses affaires financières et juridiques, une coutume romaine courante. Avant de quitter la maison pour étudier la rhétorique avec l’éducateur d’origine espagnole Quintilien à Rome, il a eu pour tuteur l’ancien gouverneur et consul Verginius Rufus. Il avait 17 ans lorsque le mont Vésuve est entré en éruption et que Pline l’Ancien commandait une flotte de navires tentant de sauver les victimes de Pompéi. Pline l’Ancien mourra des effets des gaz volcaniques mais Pline le Jeune restera dans la ville de Misenum, dans la baie de Naples, et décrira les événements plus tard dans ses Epistulae.

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Dans une lettre écrite à Tacite :

Il donna l’ordre de mettre les navires de guerre à l’eau et monta lui-même à bord avec l’intention de porter secours à beaucoup plus de personnes que Rectina, car cette belle portion de côte était très peuplée. Il s’est précipité à l’endroit que tout le monde quittait précipitamment, en se dirigeant droit vers la zone de danger. Il n’avait aucune crainte, décrivant chaque nouveau mouvement et chaque phase du présage à noter exactement comme il les observait. Des cendres tombaient déjà, de plus en plus chaudes et épaisses à mesure que les navires s’approchaient, suivies de morceaux de pierre ponce et de pierres noircies, carbonisées et fissurées par les flammes : puis, soudain, ils se sont retrouvés dans des eaux peu profondes, et le rivage était bloqué par les débris de la montagne. Pendant un instant, mon oncle se demanda s’il devait faire demi-tour, mais lorsque le timonier le lui conseilla, il refusa, lui disant que la Fortune se tenait aux côtés des courageux….

(Lettres 6.16)

Carrière politique

Après avoir servi un an dans l’état-major d’une légion syrienne, il entama la longue route impériale du cursus honorum. Cette route lui fit traverser les règnes de bons et de mauvais empereurs : Domitien (r. 81-96 CE), Nerva (r. 96-98 CE) et Trajan. C’est sous Trajan qu’il atteint son poste définitif de gouverneur de Bithynie-Pont, une province romaine située sur la côte de la mer Noire, dans l’actuelle Turquie. Bien qu’il ait pratiqué le droit dans les tribunaux civils, se spécialisant dans les affaires d’héritage, il acquit une réputation notable d’excellent orateur et mena plus tard plusieurs poursuites au Sénat romain contre des gouverneurs provinciaux en Espagne et en Afrique (Marcus Priscus) accusés d’extorsion. Faisant preuve d’une grande perspicacité financière, il commence sa carrière comme questeur en 88 de notre ère, tribun de la plèbe en 91 de notre ère, préteur en 93 de notre ère, praefectus aerari militaris ou préfet du trésor militaire de 94 à 96 de notre ère, praefectus aerari Saturni ou préfet du trésor de Saturne de 98 à 100 de notre ère, un suffect consul en 100 de notre ère, le curator alvei Tiberius ou surveillant des rives du Tibre de 104 à 106 de notre ère, membre à trois reprises du conseil judiciaire de Trajan de 104 à 107 de notre ère, et enfin, legatus Augusti ou gouverneur de 109/110 de notre ère à sa mort en 112 de notre ère.

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Buste de Trajan, Musées du Vatican
par Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

C’est pour sa nomination en tant que consul romain le 1er septembre 100 de notre ère que Pline a rédigé son oraison Panegyricus Traiani. Prononcée devant le Sénat, elle rendait hommage à l’empereur Trajan. Alors que Domitien était décrit comme arrogant, lâche, cruel et cupide, Trajan était considéré comme un souverain modéré qui avait de la considération pour le Sénat, traitant ses membres, même ceux de l’opposition, comme des égaux. Il était dépeint comme un administrateur juste et compétent, discipliné, tolérant et patient. Le discours faisait l’éloge non seulement de l’empereur, mais aussi de sa sœur Marciana et de son épouse Plotina, dépeinte comme un modèle de chasteté.

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Pliny écrit sur Trajan :

… Je n’aurais jamais, même si j’avais un pouvoir égal à celui des dieux, conçu un prince comme le nôtre… En somme, il n’y a pas eu dans le passé de prince dont les vertus n’aient pas été ternies par des vices. Mais notre prince a obtenu des louanges et une gloire sans précédent. Sa gravité n’est pas diminuée par sa gaieté, sa gravité par sa simplicité, sa dignité par son humanité. Il est stable, grand et majestueux, et bien qu’il soit dans la fleur de l’âge, ses cheveux deviennent gris, signe de son âge. Telles sont les marques qui proclament le prince.

(Panégyrique, 1er sept. 100 de notre ère)

Epistulae

Les lettres, contenant souvent des conseils, étaient destinées à la famille et aux amis & contenaient fréquemment un message fort et moral.

Bien que Pline le Jeune ait mené ce que beaucoup considéreraient comme une carrière politique remarquable, on se souvient surtout de lui pour son abondante correspondance – une habitude courante chez ses contemporains et les membres de l’élite. Pline a même écrit à son collègue essayiste et ami l’historien Tacite. Pline a fourni ses souvenirs de l’éruption du Vésuve pour les inclure dans les Histoires de Tacite. De 99 à 109 de notre ère, alors qu’il occupait divers postes au sein du gouvernement, il n’a pas seulement composé deux volumes de vers, mais aussi neuf livres de 247 lettres littéraires, les Epistulae. Ces lettres, qui contiennent souvent des conseils, sont destinées à la famille et aux amis et contiennent souvent un message moral fort. Elles étaient soigneusement composées et écrites dans un style détaillé et formel. Nombreux sont ceux qui pensent que les lettres ont ensuite été soigneusement éditées par Pline avant d’être publiées. Les lettres contenaient des commentaires sur les affaires sociales et domestiques ainsi que sur les événements judiciaires et politiques contemporains, en particulier en ce qui concerne l’empereur Domitien tant détesté.

Bien qu’il ait réalisé la nature ténue de s’exprimer contre un empereur romain, Pline a tout de même entretenu une relation étroite avec de nombreuses « victimes » de Domitien. Il a même censuré les propriétaires d’esclaves pour leurs cruautés. Les historiens soutiendraient que les lettres révèlent une image fidèle, un autoportrait, de l’auteur ainsi que de son époque, révélant un regard attentif sur la vie d’un sénateur. Elles ont été écrites pour projeter Pline comme étant à la fois cultivé et humain, reflétant les sentiments d’une grande partie de l’élite romaine.

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Les Epistulae et le Panergyricus de Pline le Jeune
par la Wolf Law Library (CC BY-.NC-ND)

Un dixième volume de 100 lettres contient la correspondance entre Pline et l’empereur Trajan alors que le premier exerçait la fonction de gouverneur. La plupart des lettres traitent d’affaires courantes et quotidiennes : litiges juridiques, protocole, état des finances de la province, projets de construction, aqueduc de Nicomédie, théâtre de Nicée, et même comment l’anniversaire de l’empereur était célébré dans la province. Les lettres ne sont pas exemptes de plaintes et de contrariétés. Dans une lettre, Pline demande conseil au sujet des esclaves qui veulent s’engager dans l’armée romaine, qui n’est ouverte qu’aux personnes nées libres. La plupart des lettres, cependant, s’intéressent à l’augmentation de la population chrétienne. Pline pensait que les « fraternités » chrétiennes étaient des superstitions perverses, « dépravées et immodérées ». Pline n’était pas sûr de lui et demandait l’avis de l’empereur sur la façon de gérer ce qu’il considérait comme un problème majeur.

Écrivant à l’empereur Trajan :

J’ai pour habitude, monseigneur, de vous soumettre toutes les questions au sujet desquelles j’ai un doute… Je n’ai jamais participé à des procès de chrétiens. Je ne sais donc pas quelles offenses il est d’usage de punir ou d’enquêter, et dans quelle mesure. Je n’ai jamais participé à des procès de chrétiens. Je ne sais donc pas quelles sont les infractions que l’on a l’habitude de punir ou d’examiner, et dans quelle mesure. Et je n’ai pas hésité à demander s’il fallait faire une distinction en fonction de l’âge ou ne pas faire de différence entre les très jeunes et les plus âgés, si le pardon devait être accordé en cas de repentir, ou si un homme avait été chrétien par le passé…..J’ai interrogé ceux-ci pour savoir s’ils étaient chrétiens ; ceux qui se sont confessés une deuxième et une troisième fois ; en les menaçant d’un châtiment ; ceux qui ont persisté, j’ai ordonné leur exécution.

(Lettres 10.96-97)

À cette époque, Pline menait à la fois des procès et des exécutions de chrétiens présumés. Pline a écrit qu’il donnait toujours aux chrétiens supposés la possibilité de se rétracter ; sinon, ils étaient exécutés. Dans un cas, il a fait interroger puis torturer deux femmes esclaves soupçonnées d’être chrétiennes et a demandé l’avis de Trajan sur la question. Trajan répondit que les chrétiens ne devaient pas être recherchés, mais que s’ils étaient découverts, ils devaient être jugés et, s’ils étaient reconnus coupables, exécutés. Toutefois, s’ils étaient citoyens romains, ils devaient être envoyés à Rome pour y être jugés. Pendant la phase de jugement ou d’examen, on demandait aux suspects chrétiens s’ils étaient prêts à faire une offrande publique aux dieux et à renier le nom du Christ. Si le suspect réussissait, il était libéré, sinon, l’individu risquait l’exécution.

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Conclusion

Pliny a mené une carrière remarquable et, par chance, ses lettres révèlent non seulement sa vie personnelle mais donnent également un aperçu de la vie de l’élite. Il s’est marié trois fois sans avoir d’enfants. Sa dernière épouse était Calpurnia, originaire de sa ville natale de Cornum. Il l’a épousée, de 25 ans sa cadette, peu après la mort de sa seconde épouse en 97 de notre ère. De nombreuses lettres qui lui sont adressées révèlent un homme profondément passionné. Après la mort de son grand-père, elle retourna en Italie où elle resta. Pline ne rentra jamais chez lui et mourut en 112 de notre ère alors qu’il était encore gouverneur de Bithynie-Pontus.

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